Patricia Leducq

Peintre autodidacte

Patricia LEDUCQ est une peintre bretonne imprégnée des couleurs diffuses de son enfance dans les ocres algériens et les verts-gris-bleus des landes et côtes de la Cornouaille.

Maintenant installée dans la campagne nantaise au terme de 50 ans de recherche picturale, bouleversée par la peinture de Zao Wou-Ki, elle a remisé ses incursions dans les arts figuratifs pour explorer l’abstraction et les images autonomes qui ne renvoient à rien d’autre qu’à elles-mêmes. Elle cherche à créer un espace d’émotions, de résonances pour accéder à de subtils ressentis et visions dans les formes et les univers colorés

Au gré de la réflexion et de ses rêveries, elle crée des huiles sereines aux couleurs fruitées et aux formes éthérées, ou bien tourmentées dans des couleurs opposées et des formes actives associant l’huile aux collages, aux poudres ou aux liants.

 

​Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art

« L’âme étant, en règle générale, étroitement liée au corps, il est possible qu’une émotion psychique en entraîne une autre, correspondante, par association. Par exemple, la couleur rouge peut provoquer une vibration de l’âme semblable à celle produite par une flamme, car le rouge est la couleur de la flamme. Le rouge chaud est excitant, cette excitation pouvant être douloureuse ou pénible, peut-être parce qu’il ressemble au sang qui coule. Ici cette couleur éveille le souvenir d’un autre agent physique qui, toujours, exerce sur l’âme une action pénible. Si c’était le cas, nous trouverions facilement par l’association une explication des autres effets physiques de la couleur, c’est-à-dire non plus seulement sur l’œil mais également sur les autres sens.

On pourrait par exemple admettre que le jaune clair a un effet acide, par association avec le citron. Mais il est à peine possible d’accepter de telles explications. A propos du goût de la couleur, les exemples ne manquent pas où cette explication ne peut être retenue. Un médecin de Dresde rapporte que l’un de ses patients, qu’il caractérise comme un homme d’un « niveau intellectuel très supérieur », avait coutume de dire qu’une certaine sauce avait immanquablement le goût de « bleu », c’est-à-dire qu’il la ressentait comme la couleur bleue. (…)

Ce serait une sorte d’écho ou de résonance, comme cela se produit avec les instruments de musique dont les cordes, ébranlées par le son d’un autre instrument, s’émeuvent à leur tour. Des hommes d’une telle sensibilité sont comme l’un de ces bons violons dont on a beaucoup joué et qui, au moindre contact de l’archet, vibrent de toutes leurs cordes. Si l’on admet cette explication, il ne faut pas mettre l’œil uniquement en liaison avec le goût, mais également avec tous les autres sens. Certaines couleurs peuvent avoir un aspect rugueux, épineux, d’autres, par contre, donnent une impression de lisse, de velouté, que l’on a envie de caresser (le bleu outremer foncé, le vert de chrome, le carmin). Même la différence d’impression de chaud ou de froid des tons de couleurs repose sur cette sensation. (…)

Enfin l’audition des couleurs est tellement précise qu’on ne trouverait certainement personne qui tente de rendre l’impression de jaune criard sur les basses d’un piano ou compare le carmin foncé à une voix de soprano. » …